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La portée
Marie Denis
Airial du Saucissé – Sabres, 2013
programmation : Didier Arnaudet
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document sur l’œuvre à télécharger : ici
Dans ce lieu chargé d’un passé oublié, d’un mystère, Marie Denis invite à retrouver, à imaginer les indices et les signes que le temps et l’histoire ont mêlés ou effacés. Son portail Art déco, en fer forgé, se dresse sans ostentation, entouré de chênes, dans l’élégante nudité de son vécu, comme la vigie familière d’une mémoire à partager, et s’entrouvre pour laisser libre cours aux échanges entre le réel et l’imaginaire, le visible et l’invisible, l’ici et l’ailleurs. Il est paré de tubes de carillon en inox, agencés dans un équilibre sonore et intriguant. Le moindre souffle de vent l’anime et l’emporte dans une phrase musicale, imprévisible, enchantée et donc légendaire, qui a la fragilité d’un rêve et la simplicité primitive d’une émotion.
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Didier Arnaudet
Ce qui frappe sur un Airial, tel que celui du Saucissé, c’est cette poche de nature aux grands arbres où la trace humaine a disparu. Autour, pins des landes en abscisses et ordonnées, et pourtant là, un bouquet de chênes séculaires s’offrent au regard.
Où sont les activités et bâtisses d’antan, ont-elles seulement existé?
Un conte est possible et pour l’aborder, j’arrime un portail-sculpture au cœur de l’Airial, un portail immense car rehaussé. Art déco et en fer forgé, laissé brut pour se marier par sa patine rouillée à la chlorophylle sylvestre environnante, il est paré de nombreux tubes de carillon inox.
Dans le vent doux ou fort, le portail tinte, comme un appel à ce qu’une nouvelle histoire commence…
Le titre emprunte au langage du solfège, car la portée est un ensemble de cinq lignes horizontales permettant de représenter les hauteurs. Elle est destinée à recevoir dans ses lignes la figure des notes, des silences et des clés.
Là c’est le portail-sculpture qui porte ses propres éléments tintinnabulants.
J’ai souhaité mené un projet ouvert, concrétisé par l’entrouverture des 2 grands éléments du portail. C’est un objet d’inspiration métaphorique, qui invite à la rêverie et à l’imagination. Le promeneur est interpellé par ce portail s’élevant seul dans cet écrin de chênes.
Un projet d’une année, où tel un architecte revoit ses calques, je suis passée d’un objet baroque à une sculpture épurée, pour faire la part belle à la projection. Celle du spectateur.
C’est aussi un aboutissement choral, grâce au soutien déterminant, aux conseils précieux et savoir-faire de Pol Olory, Jacques Dufau, Christophe Doucet, et bien sûr Jean Baudoin.
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Marie Denis
juin 2013
Un grand merci à Didier & Cathy Arnaudet, Lydie Palaric, à l’association Aux Arbres Citoyens, l’association Culture et Loisirs et Gérard Moreau maire de la commune de Sabres.